la bataille de Pogny

 

la bataille de Pogny le 12 juin 1940

12 juin 1940

   

L'AISNE et le BENI SNASSEN défendent le pont de Pogny sur la Marne.

Le BENI SNASSEN met hors de combat quatre chars adverses mais vers 21 heures, il est touché de plein fouet par un obus d'artillerie qui tue le caporal André Cancel.

L'équipage tente de quitter l'engin lorsqu'un second projectile explose tuant le chef de char, l'adjudant-chef Courtois, et le pilote, le sergent Lachère. Seul le radio, le caporal-chef Antelme, échappe à la mort, grièvement blessé. 

 Equipage :

 Chef de char : adjudant-chef Esprit Courtois, 

 pilote : sergent Paul Lachère, 

 aide-pilote : caporal André Cancel, 

 radio : caporal-chef  Pierre Antelme.

Compte-rendu du caporal ANTELME  Radio du B1Bis " BENI-SNASSEM "

     Notre char en mauvais état faisait partie des dix chars avariés confiés au Capitaine GASC pour une mission de sacrifice : interdire le franchissement de la Marne, sans esprit de recul.

L’adjudant-Chef COURTOIS reçoit l’ordre de se poster au pont de Pogny. Il signale le mauvais état de l’appareil, le manque d’essence et d’ingrédients… et nous partons. Il peut être vingt heures.
 
 
 

 

Comme nous parvenons au pont, nous y sommes accueillis par les chars allemands qui arrivaient juste à l’autre bout. Le duel s’engage, inégal car nous sommes seul face à …beaucoup !

 CANCEL au volant pointe, et LACHERE le seconde. Ils démolissent deux chars, tandis que l’Adjudant-Chef, au 47, en met aussi deux hors de combat. Je ne faisais que lui passer les obus !
   
Sous le choc des projectiles ennemis, des morceaux de métal en fusion tombent sans arrêt de la tourelle. Après un moment, soudain les chars allemands se retirent.

Vérifiant le moteur, nous constatons que la courroie Bombyx, usée jusqu’à la corde, va casser. L’adjudant-Chef nous fait mettre à l’abri d’un mur pour placer la pieuvre.

 Il ne reste qu’une vingtaine de litres d’essence, l’huile manque au Naeder et au moteur, l’eau chauffe plus que jamais, le train de roulement est déchiqueté par les obus. Extérieurement la tourelle est farcie de trous.
   

L’adjudant-Chef estimant que la mécanique ne pourra plus tenir longtemps, nous partons demander au Capitaine de nous relever le temps nécessaire aux réparations essentielles. Réponse : « Restez au pont, IL FAUT LES EMPECHER DE PASSER ».

Nous regagnons le char. CANCEL a réparé la courroie. A peine de retour au pont, le combat reprend.

 Il commence à faire sombre. Les tireurs ne repèrent plus l’ennemi qu’à la lueur de ses armes. Cependant un char est atteint et flambe.

Soudain je vois une boule de feu et il me semble que ma jambe gauche est pliée contre ma cuisse. J’ai la vision de CANCEL affalé sur le volant. J’entends l’Adjudant-Chef crier « Ouvre vite ». J’ouvre la porte.

 Au moment où je tombe sur la route, un second coup frappe le char. LACHERE qui sortait à cet instant traverse la route courbé en deux puis s’écroule dans le fossé et ne bouge plus.

Personne ne bouge plus non plus dans le char où le feu a pris. Le moteur tourne toujours… J’essaie de me mettre debout, en vain. Les os de ma cuisse sont fracassés, ma joue saigne abondamment. Je m’éloigne du char à quatre pattes et dégringole dans un pré.

 Il fait nuit…

Le Caporal ANTELME, seul survivant du « BENI-SNASSEM » sera amputé de la jambe gauche à l’hôpital de Vitry-le-François.

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Commentaires

  • Ubaud jean-christophe

    1 Ubaud jean-christophe Le 27/09/2016

    Merci pour ce récit, c'est comme une photo instantanée de l'instant passé. J'ai moi même fait des recherches sur cette bataille. En effet ma grand-mère Esther Cancel et ma mère Margueritte Cancel m'ont très souvent parlé de André Cancel depuis mon enfance et depuis je cherches tous les
    éléments de cette bataille.
  • Larrrue Michel

    2 Larrrue Michel Le 23/03/2015

    Merci Guy pour ce mail transmis à (et par) Jacques et qui m'étreint d'émotion. Je n'avais pas su le trouver moi-même jusque là, sur Internet. Ton grand-père dont j'ai toujours admiré le courage, nous avait passé lui-même en son temps le compte-rendu du radio du char, miraculé de cette "boucherie" !
    Merci encore et grosses bises à vous tous, sans oublier maman naturellement.
  • CANCEL Guy

    3 CANCEL Guy Le 22/03/2015

    Je découvre ce site, qui fait état d'une bataille importante pour ma famille ,
    il est assez émouvant de voir 75 ans après les photos du char dans lequel mon oncle, que bien évidement je n'ai pas connu, a trouvé la mort avec ses camarades.
    Nous avons un original du courrier qui à servi de support au texte mais pas de photos.
    Merci pour votre travail.

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